Étiquette : 2025

  • Erwarterteter Fortschritt *

    Erwarterteter Fortschritt *

    Version 2

    Le ciel est magnifique ce soir, pas un nuage, une lune magnifique, très nette, qui se laisse draguer par une Venus étincelante devant une myriade d’autres étoiles sans doute jalouses du spectacle offert par ces deux stars. À l’abri du vent, il fait doux pour l’époque. damné vent du nord. Il serait presque agréable d’être ici si ce n’était la douleur.

    J’ai toujours aimé regarder les étoiles dans le ciel. J’admire le travail fait il y a des milliers d’années pour donner un sens à ce fatras de lumières posées dans un désordre absolu et dans le but avoué d’éduquer ses semblables, qui pour la plupart s’en sont branlé et s’en branlent encore. Moi le premier. Je sais que cela existe, j’en connais quelques histoires, mais ce n’est pas cela qui m’intéresse dans le ciel. J’aime l’idée de l’infini, et c’est dans le ciel que je le vois le mieux. En regardant le ciel, mes pensées se libèrent partiellement : d’où me vient l’amour de l’infini ? Dans un livre, peut-être, mais lequel ? D’un ami, d’une connaissance ? Mais qui ? Du ciel lui-même ? C’est encore le plus plausible, mais difficile d’en être sûr… De ma famille ? Ma femme ? Mes enfants ? Je souris, j’ai essayé de leur apprendre, mais ils se sont toujours moqués de moi, de mes parents ? Non, ils ne pensaient qu’au travail et à l’argent, ce n’était pas facile pour eux, paix à leurs âmes, ni pour mes frères et sœurs. D’un coup, je me rends compte que je suis le dernier de cette génération, et même de la suivante. En remontant le fil du temps, j’oublie l’infini et les étoiles et je repense à la période de mes dix à quinze ans. Un de mes aînés, un arrière-arrière-grand-parent, je crois, habitait en face de chez mes parents. Il était si vieux qu’il ne bougeait plus de son lit et était l’objet d’admiration du village et de disputes de mes parents, de mes oncles et tantes pour savoir qui allait s’en occuper.

    Régulièrement, j’avais pour mission de passer voir s’il allait bien, je l’aimais bien, j’aimais bien les histoires qu’il me racontait quand j’étais plus jeune encore. Il avait la fâcheuse habitude de fumer des cigarillos, mais de les fumer à l’envers. Le bout allumé dans la bouche. Il a dû me dire pourquoi, mais j’ai oublié. Mais je me souviens que cela agaçait ma mère, son arrière-petite-bru, qui en détestait l’odeur. Si elle avait su qu’il me demandait de les allumer car il n’arrivait plus à faire fonctionner son briquet à essence et qu’il refusait les briquets à gaz et les allumettes. « Puzza », disait-il en bougonnant et en se pinçant le nez. Je me souviens que j’ai passé des heures à écouter ses histoires jusqu’à l’école secondaire. Cela arrangeait bien ma mère à l’époque : elle n’avait pas à me chercher, elle savait que j’étais la plupart du temps là, à coté du lit gigantesque de mon aïeul, à dessiner, écrire, rêver dans la pénombre et l’odeur des cigarillos. Bon dieu, je me souviens qu’il est mort quelques mois avant ses cent ans. Ce qui avait pourri la fête que la commune envisageait de faire en son honneur. Je revois encore des officiels venir lui crier « tenez bon, l’ancien, nous allons vous faire une belle fête », et lui, pour les agacer, répondait « hein ? » comme s’il était sourd. Nous en riions après leur départ et il me disait : « C’est maintenant que tu dois faire la fête, parce qu’à mon âge, on s’en fout », et mon père : « Allons, papy, cela va être une jolie fête. » Je crois qu’il avait envie, lui aussi, de voir sa famille à l’honneur.

    Merde. Je ne dois pas bouger, pas m’agiter, le moindre mouvement me déchire le cerveau. Pourquoi je suis passé par là, je sais pertinemment que c’est plus rapide, mais plus dangereux. Tant pis, rien que d’y penser, je réveille les douleurs. Je dois rêver. Respirer doucement et oublier le présent. Oublier ce corps douloureux. Oublier. Ailleurs. Dans l’univers global. Faire un avec l’environnement. Salut Papy, Je t’ai dépassé de peu, mais je t’ai dépassé. Personne n’a fait la fête pour moi. Le village est abandonné. Et, je vais à la ville le moins souvent possible. J’ai eu 100 ans il y a 4 mois, tu es parti quelques mois avant les tiens. Mais, quand même, je pense que j’aurais pu exploser ton score, si je n’avais pas voulu faire le fou en passant par les passages des 3 sources. Je sais qu’il est glissant. Mais cela fait presque deux mois qu’il fait gris, moche et humide, j’ai bien cru que j’allais y passer, mais depuis deux jours, les nuages ont été balayés par le vent du nord, ce maudit vent du nord qui efface les nuages, créant l’illusion du printemps, mais qui gèle tout ce qu’il touche. Ce matin, j’ai eu le courage d’aller voir si je trouvais des champignons dans la forêt qui se trouve derrière le passage. Ce n’est pas si loin et je peux encore y aller en faisant le tour, mais, en revenant avec mon panier de champignons, j’ai eu envie de voir l’état des trois sources : L’eau de celle qui traverse le chemin a le goût de la pierre, un goût minéral. Merci. Papy C’est toi qui me l’avait fait remarquer antan. Je n’étais pas venu depuis des années et j’aurais pu m’en passer encore aujourd’hui. Aïe, pas de regret ; respire, calme : l’eau t’a fait le plus grand bien. Tu le sens, le sac de champignon ? C’est bien lui qui est posé sous ton bras… Doucement, prends-en un et mâche-le doucement. Ahhhh quelle douleur atroce. Mais bordel, je vais sans doute crever ici, autant me faire plaisir. Le goût du champignon, ce goût de terre, ce mousse. La nature, c’est elle qui m’a fait tenir ces dernières années. Elle et les quelques marcheurs qui se perdaient et traversaient le village étaient étonnés de trouver quelqu’un encore debout. Je dois être dans des albums de photos du monde entier. Sourire. Plus jeune, j’en ai fait des tours sur notre monde. Je suis fier de ma vie, j’ai passé mes vingt premières et vingt dernières années ici. J’en suis le produit ultime. J’ai peu de chances que l’on me trouve avant quelques mois, et qu’est -ce que cela change, ici ou ailleurs ? J’espère juste ne pas trop souffrir. Petit à petit, mon corps va se mêler à la terre et ainsi je lui rendrai un peu de ce qu’elle m’a apporté. Je ne regrette rien, ma femme est morte un peu avant mes enfants. Puis j’ai vu partir la plupart de mes petits-enfants, puis j’ai décidé de revenir ici. Parfois, un de mes arrière-petits-enfants se rappelle de moi, mais nous sommes des inconnus les uns pour les autres… J’espère qu’ils sont heureux. Moi, je le suis même maintenant où le moindre mouvement est une souffrance. Je n’avais pas fait attention, mais la nuit est tombée, et la lune s’est levée, accompagnée de Vénus. Je me plonge dans l’espace en mâchouillant des champignons, les arbres autour coupent le vent, la terre est exceptionnellement chaude, une chouette hulule au loin, les branches craquent et j’alterne entre rêve et réalité, les champignons sont un miracle.

    Je suis à Buenos Aires juste après la guerre, j’habite la maison d’un cordonnier, Attila, qui m’héberge et m’apprend le métier, je suis arrivé ici par un énorme cargo en tant que marin.

    Après la guerre, la tête pleine d’horreurs, j’étais retourné dans mon village, j’étais perdu. En Espagne, la dictature était restée en place et nos horizons étaient étroits. À la ville voisine, un pêcheur avait besoin d’un commis. Je lui plus, nous partîmes avec son équipe faire des pêches lointaines. Un jour dans un port français, j’entendis parler d’un cargo qui recrutait un aide-cuisinier pour aller en Argentine. Je ne connaissais pas réellement, mais le nom faisait rêver. Ils m’engagèrent. Les adieux avec mon patron furent l’occasion d’une beuverie de marin mémorable, je fis le premier jour de voyage dans le coma. Les voyages en cargo sont longs, monotones et encore plus longs. J’ai épluché tellement de légumes, ouvert tellement de boîtes, mais déjà le soir et le ciel, les pauses et l’océan, les baleines, les dauphins et autres animaux que je ne connaissais pas me fascinaient. Le voyage devait durer trois semaines, mais, suite à une avarie, nous restâmes cinq semaines en mer. Et le seul divertissement de l’équipe était les combats. Pas de gros gabarits, mais des vicieux, des nerveux. J’ai perdu deux dents et je porte encore une cicatrice à l’arcade. J’ai appris à me battre sur le bateau et pendant les vingt ans qui ont suivi, j’ai gagné quelques combats, mais j’en ai perdu aussi beaucoup. La vie était simple. je me levais tôt, je vérifiais mes blessures, j’allais à la cambuse, À la pause de l’après-midi, je me posais sur le pont avant de retourner à la cambuse ; puis, le soir, une fois le local propre, je passais me changer et nous nous retrouvions sur le pont pour picoler et nous battre. Quand il pleuvait, ce qui était rare, nous jouions aux cartes. Perso, je préférais aller lire dans ma chambre. Je me suis endurci en peu de temps. J’ai oublié ma Gallice et la guerre en entamant ma nouvelle vie. Mais je fus soulagé d’arriver à Buenos Aires, le manque de femmes commençait à rendre les marins violents et en même temps mélancoliques. Les deux semaines supplémentaires commençaient à nous marquer. Je pris ma paye et je m’enfonçai dans la ville, jusqu’à un quartier populaire où je trouvai facilement un petit logement. Et je bus, je bus pendant un mois, je passais de bar en bar, de bagarre en bagarre et de femme en femme, et le tout en jouant, en riant et en me moquant de la vie et des gens sérieux. J’étais jeune et les marques des coups plaisaient. Un soir plus violent qu’un autre, j’avais dû en agacer un ou m’attacher à celle qu’il ne fallait pas, je pris un mauvais coup et je sombrai dans le néant. Il me transportèrent je ne sais comment et me balancèrent ou ils purent. Je me réveillai quelques jours plus tard dans une chambre chez Attila, le cordonnier, dans un quartier aux confins de la ville. Ses filles m’avaient trouvé sur le trottoir devant la boutique en allant à l’école. Ne sachant pas quoi faire de moi, ils me montèrent avec difficulté dans la chambre et, avec l’aide d’un médecin, ils me soignèrent. Une dizaine de après, je fus sur pied et une nouvelle vie pouvait commencer pour moi.

    Version 1 le 04/05/2025

  • Fait du jour : Dijon brûle

    La médiathèque des Grésilles victime d’un second incendie.

    Faut-il être stupide pour brûler une bibliothèque ou une médiathèque ? Pas nécessairement, mais il faut avoir la volonté d’être entouré de gens stupides. La médiathèque de Dijon-Grésilles a subi deux incendies en 15 jours. Bien évidemment, les premiers responsables soupçonnés sont les dealers voisins. Mais je pose la question : en quoi la médiathèque les gênait dans leurs trafics ? Ils se côtoient depuis des années, sans que cela émeuve ni les uns ni les autres. Avec un peu de provocation, je voudrais signaler que les dealers sont des commerçants et les commerçants n’aiment pas le remue-ménage et attirer l’attention, et vu leurs négoces, je pense qu’ils aiment ça encore moins que les commerçants traditionnels. Ce sont des suppositions, nous sommes d’accord, des suppositions pas des certitudes. Par contre, qui déteste la culture ? Actuellement, je vois deux cibles : les extrémistes et les croyants. Qui déteste la culture et veut attirer l’attention sur des quartiers spécifiques ? D’un côté, je suppose que les fachos ne verraient pas d’un mauvais œil que la pression soit mise sur ces quartiers déjà paupérisés et que cette pression pousse les habitants à la faute, mettant ainsi de l’eau au moulin du : « Vous voyez, ces quartiers ne sont pas sûrs, il faut plus de police et encore plus de pression. » Les croyants, les croyants extrémistes qui détestent que l’on n’obéisse pas aux dogmes, ou d’une religion qui perd des parts de marché, mais je ne crois pas que nous ayons des évêques ou des imams aussi fondus dans le quartier, mais j’avoue mon inculture sur ce sujet. Et je suppose que si le crime est d’origine « religieuse », ils ont les structures pour revendiquer sans être inquiétés. Par contre, si l’incendie criminel est d’origine politique, comment le revendiquer sans être découvert ? Les dealers n’ont rien à gagner à la disparition de la médiathèque, ils ont plus à perdre avec l’augmentation de la pression policière. Perso, si je pouvais parier, je parierais 1) sur un groupuscule fascisant 2) sur un déséquilibré qui se serait senti attaqué par le pouvoir de la médiathèque 3) sur un « accident » type Notre Dame de Paris.

    Toujours est-il que le discours de la nouvelle maire, N. Koenders, m’a traumatisé : je la pensais vaguement de gauche, mais son discours félicitant et demandant aux membres les plus à droite du gouvernement, Retailleau et Darmanin, d’accentuer leurs pressions, me laisse perplexe et, du coup, je pense que, hélas, comme son prédécesseur, qui, d’ailleurs, est lui aussi au gouvernement, F. Rebsamen, elle a basculé à droite, une droite nationaliste qui plus est : la marseillaise en fin de discours, était-ce vraiment nécessaire ?… Cela ne présage pas grand-chose de bon pour Dijon, mais je peux me tromper, évidemment. Mais merde, ce n’est pas de répression dont nous avons besoin, dont le peuple a besoin. Nous voulons savoir qui et pourquoi. Le préfet, sûr de lui, annonce quasiment qu’il sait déjà qui sont les coupables. Il dit : « Ce que l’on peut constater, c’est qu’à chaque fois qu’il y a une action plus forte de la police nationale, il y a immédiatement des incendies dans le quartier. », mais, ma parole, vous êtes fiers de faire chier les habitants de ce quartier ?

    Cela fait plus d’un siècle qu’on nous serine que la délinquance vient de la drogue. Et plus vous mettez la pression, plus il y en a. Sans déconner, je bois un verre de trop et je me fais gauler (et c’est normal, je ne me plains pas), et des tonnes de drogues rentrent sans problème en France et vous n’y voyez que du feu ? Bordel. Si la délinquance de la drogue est un vrai problème, ce n’est pas dans les Grésilles que vous le résoudrez ; là, vous ne vous en prenez qu’aux tâcherons et vous faites chier une population qui a déjà bien des soucis. Bordel, remontez les filières. Il y a un point de deal ? Il doit être approvisionné, je suis sûr que tous les gens du quartier savent quand et comment. Louez un appart, il existe des caméras perfectionnées quasi invisibles. Tous les clochards qui pissent contre un mur sont filmés, mais pas les dealers ? Ce sont des amis ? Bref, avec un peu de discrétion et un peu de volonté financière, il y a moyen de faire quelque chose, parce que là, avec les flics qui tournent sans arrêt, si c’était moi, je me tiendrais à carreau et donnerais RDV ailleurs. Ce n’est pas du YAKAFOCON, mais vous démontrez que, dans le fond, vous vous en foutez de résoudre les problèmes, vous voulez juste nous embobiner.

    L’autre solution, c’est la légalisation. L’alcool est en vente libre et il n’y a pas une majorité d’alcooliques. Car le problème, ce n’est pas l’alcool ou la drogue, c’est le mal-être qui incite à s’évader. Qui devient toxicomane, de l’alcool ou de la drogue ? Ce sont les personnes malheureuses, souffrantes, que ce soit physiquement, moralement ou spirituellement. Ce sont elles qui sombrent dans des accoutumances dangereuses. Les gens qui vont bien ne veulent pas mourir, que cela soit lentement ou rapidement. Et c’est la double peine. Beaucoup vont mal, car la société est écrasante, dominante et il leur est refusé de s’évader. Les gens qui décident sont confortablement assis derrière des bureaux et peuvent s’évader sans grand danger, car ils ont les moyens de s’offrir la qualité et la sécurité. Et le peuple les soutient, est ignorant et leur fait confiance. Une connaissance m’a dit aujourd’hui : « Je n’ai pas besoin d’essayer la drogue, je sais que c’est dangereux. Toutes les politiques de légalisation ont foiré dans le monde. Je n’ai pas besoin de sauter à l’élastique sans élastique pour savoir que c’est dangereux.

    La drogue, comme l’alcool, sont dangereux pour les personnes physiquement, moralement ou spirituellement amoindries, et j’ajoute pour les enfants en construction. Nous le savons, l’adolescence est un cap difficile à passer pour beaucoup, et certains n’y arrivent pas, et c’est le moment où certains prennent l’eau. Et ce n’est pas la prohibition qui réglera le problème, car l’adolescence est féconde et ils trouveront toujours une solution. Ce dont ces adolescents ont besoin, c’est d’aide. Nous ne pourrons les sauver tous, mais nous devons essayer en les écoutant, en leur donnant les moyens de s’exprimer, en donnant plus de moyens à la culture et au sport, pas à l’armement et à la guerre.

    La peur, la peur nous dirige, et nous imposons notre peur aux autres. 100 % des gens qui se sont jetés dans le vide sans élastiques sont morts. La proportion de personnes mortes des causes des drogues est nettement inférieure. La légalisation n’a pas marché ? Pourquoi ? Parce que la drogue, c’est mal, et que, du coup, les gens vont prendre autre chose ailleurs. Mais surtout, qui dit que cela n’a pas marché ? Nos médias appartiennent à des personnes qui ont besoin que la population souffre, que la population ait peur, que la population les croie, car une personne qui souffre doit compenser en consommant, car une personne qui a peur obéit, et une personne qui croit ne doute pas. Bref, loin de moi l’envie d’avoir une société de toxicomanes autour de moi, euh, wait, nous vivons déjà dans une société de toxicomanes, mais l’envie que nous mettions les moyens dans l’éradication de la racine du mal : la misère. Les dealers se servent de la misère, mais ne la génèrent pas ; la misère, c’est mauvais pour le commerce.

  • Souvenirs : Manu&Angelo

    Voyage de mon fils Angelo et de ma femme Manu à Québec

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